Lors de notre séjour nous avions dans un premier temps visité l’ancienne usine sucrière devenue musée « Stella Matutina » (voir l’article).
Un peu plus tard nous avons complété avec l’usine de Bois-Rouge. Il s’agit d’une des deux seules sucreries restant en activité à la Réunion avec celle du Gol. Toutes deux appartiennent au groupe Tereos connu entre autres par la marque Béghin-Say.
L’histoire de cette activité mérite quelques recherches
Au risque de schématiser, je retiens que la culture de la canne à sucre à la Réunion date de 1815 quand la France, après le déclin de l’Empire, a eu besoin de nouvelles sources de production de sucre. Des plantations massives sont décidées et imposées à la Réunion au détriment des cultures vivrières traditionnelles. L’importante main d’œuvre nécessaire a été constituée d’esclaves africains et Malgaches jusqu’en 1848 (abolition de l’esclavage). Elle fut alors remplacée par des « engagés » principalement recrutés en Inde et guère mieux traités que les esclaves… Ces différents groupes ethniques constituent des éléments essentiels de la diversité et de la mixité actuelle de la population de la Réunion.
La culture de la canne a continué à se maintenir en particulier grâce aux subventions Européennes et constitue aujourd’hui une monoculture très dominante sur l’Ile. Les changements en la matière sont évidement très difficiles à décider et à mettre en œuvre : entre une industrie devenue mondialisée qui génère d’importants profits et incite le monde à consommer toujours plus de sucre et une population qui vit de cette activité même de façon précaire, il est difficile d’envisager l’abandon de surfaces de canne pour développer d’autres cultures qui pourraient être meilleures pour l’environnement et plus utiles pour l’alimentation.
La visite de l’usine
Nous sommes ici dans une usine en activité, donc la visite se fait avec des règles de sécurité plus contraignantes qu’à Stella (tenue imposée, port du casque, dépôt de tous nos objets en consigne, …) et le discours est extrêmement orienté. Un film d’introduction très « corporate » nous vante les bienfaits du sucre et de cette industrie, puis les commentaires du guide nous les rappellent à chaque occasion.
On reste sur quelques questions :
- en plus de l’irrigation abondante nécessaire à la pousse de la canne, le processus industriel est très consommateur d’eau (combien ? comment est-elle retraitée en aval ? );
- les déchets de la canne (la bagasse) sont réutilisés sur place pour produire de l’électricité par combustion : c’est bien, mais quel bilan carbone ? surtout quand on intègre le fait que la campagne sucrière dure 6 mois dans l’année et que pour rentabiliser l’usine on y brûle du charbon importé d’Afrique du Sud les 6 autres mois ?
En résumé, une visite intéressante d’une usine en activité (chaleur, odeurs, … tout y est), au cœur de l’économie de la Réunion et l’occasion de s’interroger sur l’avenir…
Pierrette dit
Top ton commentaire
J’ai supprimé le sucre qu’il soit d’origine canne à sucre ou betterave et je m’en porte mieux
Patrick dit
??????
Ca fait quand même beaucoup…